Chant spontané

 

Quelques mots sur cet atelier:

(cliquer sur les images ci-dessous pour des extraits d'improvisation publique)

Se mettre en cercle et chanter. Initié par Bobby McFerrin, les « circle song » se multiplient partout dans le monde. Ce devait être dans l'air du temps car sans connaître ces « circle song » j'ai toujours inclus un moment d'impro vocale en début de séance lors de mes ateliers théâtre pour chauffer la voix mais aussi développer l'écoute et surtout l'ouverture vers les autres. Devant l'apport considérable de ce qui n'était qu'un exercice, l'envie m'est venue il y a quelques années de proposer un temps entièrement consacré à cette rencontre autour de la voix. 

Atelier ? Le terme n'est peut-être pas tout à fait adapté. Ou alors avec l'idée d'outil, de bricolage. Laboratoire conviendrait mieux pour le côté expérimentation, un labo avec des éprouvettes où on mélange à chaque fois de nouveaux réactifs qui seraient les voix de chacun(e)s, un lieu confiné, un peu secret...totalement intime en fait. Une intimité qui s'impose dès la première séance lorsque les participants qui ne se connaissent pas encore forment un cercle et entament une respiration commune. Pas facile pour certains : Respirer ensemble dans le silence, c'est déjà abandonner ses défenses. On peut composer un masque face aux autres avec des mots et des gestes mais pas en respirant profondément... L'intention est là : que chacun(e) se déleste peu à peu de son soucis de paraître pour mieux se connecter à lui(elle)-même et aux autres. Se dénuder intérieurement mais sans exhibition, laisser le contrôle de soi au « porte mental »... S'ouvrir pour s'exprimer non pas dans le bavardage mais en touchant le cœur et s'y relier pour qu'il devienne ou redevienne simultanément émetteur-récepteur. A chaque séance, enlever autant que possible les couches de protection.

 

 

La respiration dans le chant, c'est comme la tenue d'un instrument. Si on se positionne mal, on se fait mal et... on joue mal. Si l'on veut pleinement ressentir ce que c'est que chanter, il est nécessaire de sentir la bonne position pour libérer sa voix et en explorer toutes les nuances sans se faire mal. Cela commence toujours par sentir ce qui se passe dans le souffle et l'inspiration. Respirer profondément, se servir d'outils du Taï Chi, Qi Gong, yoga, d'exercices spécifiques et puis surtout considérer cela chaque fois comme une nouvelle tentative. Accepter les difficultés, l'étendue du chemin à parcourir, la fugacité du bien être et du « lâcher -prise »...

 

 

L'idée n'est pas d'un atelier d'impro comme il en existe en jazz où l'on va apprendre à « scatter » dans une harmonie scientifique avec 1000 notes à minute. Je ne suis pas en mesure de conduire ce genre d'atelier. La vie est bien faite car cela ne m'intéresse pas ! D'abord dans cet atelier on n'apprend pas on expérimente. On y éprouve dans le sens laboratoire comme dans celui des sens et en repart avec un écho dans le corps et l'esprit...de l'empirisme à l'état pur !... 
Habitués que nous sommes à n'utiliser notre voix que pour le langage des mots, la palette du chant spontanée s'avère en général très pauvre au début. Au fil des semaines et de la confiance instaurée dans le cercle, les improvisations de la-la-la et ta-ta-ti s'enrichissent de toutes les sonorités offertes par notre bouche.

   

Comme dans le travail d'acteur, chercher (ou plutôt laisser venir) une concentration respirée de façon à être connecté à ses propres sens. Des sens, du sens, du sensible pour habiter ces moments d'improvisation collective et en résonance les un(e)s avec les autres goûter parfois une éphémère et magique sensation de communion...

 

Comme vous pouvez le voir sur les video, cet atelier s'est quelques fois confrontés aux regards et oreilles du public. Si l'enjeu de la représentation et le trac altèrent un peu la spontanéité et l'écoute, c'est toutefois l'occasion de faire connaître cette façon de chanter ensemble et de vivre un moment intense...

 

Denis LEBLOND